Dans une interview exclusive avec « Le Matin », Manar Belfqih, CEO d’Atlas Moroccan Computers, partage les détails de leur dernière innovation – l’ordinateur « Atlas ».
Atlas Systèmes a franchi une étape significative en développant le premier ordinateur entièrement conçu au Maroc. Nom de code : « Atlas ». Cet appareil se distingue par sa déconnexion complète des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), garantissant ainsi une absence totale de collecte de données. En plus de cela, il intègre une suite applicative propre à Atlas, couvrant des fonctionnalités telles que la messagerie, les appels vidéo, et la navigation GPS.
Le point de vente de cet ordinateur sera double : en ligne et via des points de vente physiques dédiés. La fabrication de la partie matérielle de l’appareil est actuellement sous-traitée en Europe, permettant ainsi des délais de livraison rapides.
Manar Belfqih souligne l’importance de ce projet pour la souveraineté numérique du Maroc. Elle raconte que l’idée est née de son expérience au Moroccan Center for Business Intelligence, où elle a observé les défis de la transition numérique en Afrique. Elle met en lumière le manque de stratégie locale et souligne l’importance d’apprendre des erreurs des autres pays pour avancer rapidement et efficacement.
La CEO reconnaît que le secteur de la technologie est dominé par des géants mondiaux et que le consommateur marocain tend à favoriser des marques internationales pour leur fiabilité technologique. Cependant, elle met en garde contre les dangers potentiels de dépendance à ces marques étrangères, en particulier en ce qui concerne la souveraineté numérique et la sécurité des données.
L’ordinateur « Atlas » est conçu pour être une alternative sophistiquée et sécurisée. Il promeut les marques marocaines et stocke les données sur le territoire national. Avec plus de 60 logiciels d’apprentissage en programmation, traitement d’image, montage vidéo et langues, cet ordinateur vise à encourager l’utilisation de la langue amazighe, reconnue comme la deuxième langue officielle du Maroc.
En termes de production, Atlas Moroccan Computers se concentre initialement sur le marché marocain, avec des aspirations à s’étendre sur le marché africain. Manar Belfqih souligne la complexité de développer un ordinateur, nécessitant une expertise technologique et d’ingénierie pointue. Actuellement, la partie matérielle est produite par un sous-traitant européen, tandis que la partie logicielle est développée localement à Rabat et Casablanca.
Concernant le financement du projet, la dirigeante d’Atlas Moroccan Computers révèle qu’ils ont entièrement financé le projet sur fonds propres, sans soutien de l’État. Elle exprime sa déception face au manque de soutien local et reste ouverte à des investisseurs marocains, tout en explorant des opportunités avec des investisseurs étrangers.
Néanmoins, le projet « Atlas » représente une étape majeure pour le Maroc dans le secteur de la technologie. En offrant une alternative locale et sécurisée aux géants technologiques mondiaux, Atlas Moroccan Computers s’aligne sur les objectifs de souveraineté numérique du pays tout en favorisant le développement technologique et économique.
